Adele Elsbach

En 1908, Adele Elsbach, une artiste juive remarquablement moderne pour son époque, est née dans la maison du 119 de la Paulinstraße. Elle a attiré l'attention du Stadtmuseum Simeonstift lorsque neuf dessins pour des fenêtres en verre coloré ont été mis aux enchères dans une maison de campagne de 2018. Les œuvres captivent par leur langage formel clair et réduit, d'apparence parfois futuriste. Adele Elsbach s'est orientée vers les mouvements artistiques alors en vogue, à savoir l'Art déco, le Cubisme, le Futurisme et le Bauhaus. Elle faisait manifestement partie des jeunes femmes qui ont su tirer parti des nouvelles possibilités d'éducation dans les domaines de l'architecture, des arts et de l'artisanat qui étaient offertes sous la République de Weimar.

Malheureusement, nous ne savons presque rien de sa scolarité, de sa formation professionnelle et de sa vie ultérieure. Ses parents sont le tailleur Eduard Elsbach et son épouse Franziska, née Marx. Lorsque les nationaux-socialistes arrivent au pouvoir en 1933, l'exercice d'une profession est considérablement restreint pour les concitoyens juifs. Adele Elsbach a certainement aussi été touchée par cette situation. En 1936, elle peut encore obtenir un permis de conduire, mais en tant que juive, elle doit le rendre à nouveau en 1938. À cette époque, elle travaillait comme enseignante à l'école primaire juive. Sur sa carte d'identité délivrée en 1939 (comme dans le carnet d'adresses de la ville de Trèves de 1930), elle est inscrite comme artisan. En mai 1941, alors qu'elle travaille comme enseignante, elle écrit dans le journal de son élève Marianna Reusch, née Elikan : "Seul le réel est vrai et le vrai est authentique. Adele Elsbach vous souhaite le meilleur".

Déjà en octobre 1941, sa collègue Else Huth a été déportée. Adele Elsbach a apparemment continué à gérer seule l'école jusqu'à sa fermeture à l'été 1942. Mais le sort de sa collègue ne lui est pas épargné non plus : après avoir été expulsée de son appartement et déplacée de force dans la ville à plusieurs reprises, elle est amenée en juin 1943 à la maison Bischof Korum, sur la Rindertanzplatz, point de rassemblement des femmes juives destinées à être transportées à l'Est. Elle a été emmenée en train via Berlin vers le camp de concentration de Theresienstadt. De là, elle a été transférée au camp d'extermination d'Auschwitz le 6 octobre 1944 et vraisemblablement assassinée peu de temps après.

Auteur: Dr. Bernd Röder
Équipe éditoriale: Prof. Dr. Frank G. Hirschmann